La fin de l’histoire du 16 blanc

Ni archéologues, ni diplômés,les FDM bouclent l’histoire du 16 blanc avec de faibles moyens,l’un des deux témoins de l’enfer du 25 août 1944 dans le ciel de Picardie.

La fin de l'histoire du 16 blanc

Préambule :

Extraordinaire est le mot juste, car c’est un petit bout de tôle trouvée par Gilles en 2009 qui déclenche l’opération ;

Une partie de lisse de fuselage
Une partie de lisse de fuselage

Il fallut trouver les moyens, le matériel,et les hommes disponibles pour effectuer cette quête.

Tous les samedi de l’hiver 2010 /2011 furent consacrés aux sondages des lieux probables du marais de Fargniers.

Le 20 août 2011 nous réussissons à sortir les restes d’un avion Fockewulf 190, sans connaître l’identité du pilote. Au cours du nettoyage c’est encore Gilles qui trouve dans un morceau de tôle une partie de cockpit ou se situe  la plaque d’identification de l’appareil.

Le nettoyage des pièces de l'appareil
Le nettoyage des pièces de l’appareil

Cette plaque est la carte grise du propriétaire de l’avion qui n’est autre que Karl Achenbach , le seul survivant des 16 avions Allemands abattu le 25 août 1944.

Plaque

La recherche filmée:

Si l’histoire  de ce combat est désormais connue, au moins en partie , ils nous restaient encore à rencontrer sinon des témoins  de plus en plus rares, mais au moins des membres de  la famille.

Il faut rendre hommage à Hélène et ses amis Allemands,  pour que la rencontre  puisse se faire .

En particulier a Gunther G qui avec patience et ténacité, contacta dans toute l’Allemagne les  Achenbach  qu’il finit par retrouver, grâce à une maison de retraite, ayant accueilli la veuve du pilote jusqu’en 2010.

La boucle est bouclée  quatre ans plus tard !

C’est désormais chose faite ce 9 septembre 2015 !

Arrivée de Ully et Herbert au Musée, le lieu de rendez-vous.
Arrivée de Ully et Herbert au Musée, le lieu de rendez-vous.

Ully et Herbert, respectivement fille et Beau-fils du pilote Karl Achenbach de la JG 6, qui ont entamé un périple dans le Nord de la France, ont consacré une journée aux faucheurs de marguerites empreinte d’une très grande émotion.
Cette visite préparée soigneusement par Hélène et le Président des FDM, pour répondre à leurs attentes, commença tout d’abord par la présentation d’un petit fascicule reprenant en gros le détail des recherches. A la vue de la photo de la plaque de l’avion de son père, de grosses larmes coulaient sur les joues de Ully . Le ton était donné !

Ully et Herbert posant devant une partie des pièces de l'avion de son père.
Ully et Herbert posant devant une partie des pièces de l’avion de son père.

L’histoire de Karl :

Né en 1923,il est issus d’une famille  protestante Autrichienne fuyant les persécutions religieuses qui se réfugie en Allemagne au cours du 19 siècle près de Königsberg,  capitale de la Prusse-Orientale. Son enfance est somme toute normale dans le contexte particulier de l’époque mais il est d’un naturel optimiste et agréable.A l’age de 16 ans il  entre en apprentissage pour  commencer le métier de ferronnier tandis qu’éclate la Seconde Guerre Mondiale.
En 1941, le troisième Reich connaît ses premiers revers, et malgré la propagande le Front de l’Est ou l’Afrika Corps n’attire pas les foules, ce qu’a parfaitement compris un ami de la famille, qui fait entrer Karl Achenbach  âgé de 18 ans au sein de la Luftwaffe. Le temps qu’il étudie, il ne sera pas confronté aux frimas des steppes de Russie ou aux chaleurs du désert !

Il travaille avec acharnement, lui, de conditions modestes, passe ses tests successifs avec brio, pour devenir fin 1943 début 1944 un élève pilote doué. Il en est très fier ! Mais il lui reste encore une épreuve à affronter : Celle du feu de l’ennemi !
Il est transféré à la JG 6 nouvellement constituée  et rejoint Herpy L’Arlésienne dès le début août 1944. Les sorties d’entraînement sont peu nombreuses faute d’essence et le terrain est une pâture à vaches bien camouflée mais peu praticable pour des  lourds Fockewulf 190.
Il y a d’ailleurs 2 accidents mortels de jeunes pilotes qui sont entrés en collision peu de temps après leur arrivée. (voir le récit de Fritz Buchholz Staffel 7 du Gruppe II /6 Jagdgeschwader.)
Le 25 août 1944, il monte dans son avion et décolle suivant son leader plus expérimenté, pour sa première mission d’interdiction entre Paris et Rouen. Les Alliés franchissent la Seine. Il est 12h45 lorsque  le Gruppenfûhrer  Willi Elstermann donne l’ordre d’abandonner la mission , et d’attaquer les Ligthnings P 38 qui se trouvent sur la région de St Quentin au dessus de Clastres. Pour le reste tout est connu, car s’ils font la curée au début, le tableau change à l’arrivée des renforts Alliés.
Karl Achenbach est gravement touché, et ne doit la vie qu’ a son éjection provoqué par la rupture de son aile gauche. Dans l’action il se démet l’épaule droite en heurtant le montant du cockpit, y laisse une partie de sa jambe et tombe  parachute ouvert près de la ferme de Tournevelle , à proximité de Otto Guthler qui c’est déjà écrasé, sans doute mort dans son appareil.
Enfoui sous sous la toile, il perd connaissance et se retrouve plus tard hospitalisé à St Quentin amputé.
Il n’y passe que très peu de temps et est évacué rapidement vers l’Allemagne laissant ses camarades sur place qui deviendront prisonniers des Alliés tout proches.
Un pilote sans toutes ses facultés, reste un pilote et il coûte cher à former à l’exemple de Douglas Bader à qui il manque les deux jambes, mais qui est parfaitement capable de voler !
Subissant de nouveau une seconde amputation  sur la même  jambe il attend la fin du conflit en convalescence, reprend son apprentissage et se marie plus tard avec une veuve de guerre, qui lui fera promettre de ne plus jamais toucher à un avion ! Devenu Chef Qualité chez Audi, il décédera en 2005 , peu avant Wilson Harrel son adversaire qui l’abattis.
Pour l’anecdote:     Dans sa petite maison de retraite ou il résidait, un jour que son assistant médical le promenait en fauteuil rapidement il lui dit : « N’ayez pas peur Karl » sur quoi il répondit: « Je n’ai pas peur , j’étais pilote ! »
Il a toujours dit à sa fille et à son beau-fils qu’il avait eu 2 vies. La première d’avoir pu piloter un avion, ce dont il était très fier, la seconde d’avoir survécu  à l’enfer jusqu’à ce jour !
S’il était encore en vie, il aurait sans doute demandé qu’on l’amène de suite sur les lieux dès la découverte de l’appareil !
Il n’a éprouvé aucun sentiment de haine contre ses adversaires. C’était pour lui un combat de machines contre des machines,  c’était l’avion et non l’homme qu’on touchait et c’était le meilleur pilote qui gagnait.
Karl Achenbach le « chanceux » fut le seul survivant des 16 avions Allemands abattus ce jour du 25 août 1944.

Témoignage recueilli de sa fille Ully et de son beau-fils Herbert le 9 septembre 2015.

Ully et Herbert à la rétrospective filmée de la recherche en compagnie d’une partie des FDM.

Sur les lieux du crasch de l'avion.
Sur les lieux du crasch de l’avion
Moment de détente au Musée après toutes ces émotions en compagnie de Mr le Maire de Sinceny.
Moment de détente au Musée après toutes ces émotions en compagnie de Mr le Maire de Sinceny
La  traditionnelle photo de famille devant le Musée.
La traditionnelle photo de famille devant le Musée

Au premier plan : L’Adjointe au Maire de Tergnier, Herbert, Ully, le Président des Amis du Musée,
le présidents des FDM, Jacques, Joël.
En haut de droite à gauche:Dany, Gilles, Claude, Nicolas.

Repas convivial au Mon Cadet qui ouvrit ses portes pour l'occasion.
Repas convivial au Mon Cadet qui ouvrit ses portes pour l’occasion.

Le menu excellent était purement Picard !

En conclusion:

Le modélisme n’intéresse que ceux qui le pratique. le lancement d’un tel projet  aussi fantastique permettrait peut être de faire connaître l’association, beaucoup d’entre nous n’y croyait pas et l’ont parfois rapidement abandonné. D’autres plus perspicaces y ont adhéré.

Cette histoire est aujourd’hui le constat d’une association dynamique,  et présente dans le domaine historique de l’aviation  pour cette période que nous a fait aborder Philippe. Sans lui il eu été difficile d’aboutir !
Il faut remercier tous les membres qui ont participé à la recherche , même s’ils ne sont pas tous sur la photo.

Le but est atteint !

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